L’été… Saison bénie des jardiniers dilettantes, où les barbecues prennent le pas sur les sécateurs et où l’ombre des grands feuillus devient un bien précieux. Pourtant, à l’heure où la chlorophylle bat son plein, certains professionnels s’aventurent à tailler arbres et arbustes, provoquant parfois l’incompréhension du public. « Mais enfin, on ne taille pas en été ! », s’écrie le voisin, persuadé que l’arbre va s’effondrer en sanglots chlorophylliens. Et pourtant…

La taille en vert, c’est quoi au juste ?

 On l’appelle aussi taille d’été, ou taille en période de végétation. Contrairement à la taille hivernale, réalisée sur des arbres en dormance, elle consiste à intervenir alors que la sève circule à plein régime et que les feuilles assurent leur mission photosynthétique. Loin d’être une hérésie arboricole, cette pratique s’avère particulièrement intéressante dans certains cas.

Mais attention ! Il ne s’agit pas de procéder à des tailles drastiques. La taille en vert est un art subtil, où l’on privilégie des interventions légères et ciblées, comme l’éclaircie du houppier, la suppression des gourmands ou encore le défourchage. En somme, on ajuste, on affine, on optimise, sans jamais traumatiser.

Les bienfaits insoupçonnés de la taille estivale

 Contrairement aux idées reçues, les arbres cicatrisent très bien en été. En période de croissance active, ils disposent de toutes les ressources nécessaires pour réagir aux coupes. La production de nouveaux tissus, appelés phellogènes, est alors plus rapide, favorisant une compartimentation efficace des plaies.

Prenons l’exemple des érables ou des bouleaux, souvent accusés de pleurer abondamment à la taille de fin d’hiver. En été, ce problème est nettement réduit, car l’arbre gère mieux ses flux de sève. De plus, la présence des feuilles permet de maintenir une certaine pression osmotique, évitant ainsi un stress excessif.

Et que dire des maladies ? Contrairement à l’hiver, où les champignons opportunistes profitent du bois exposé, l’été offre des conditions plus sèches, limitant le risque de contamination fongique. Une coupe bien réalisée cicatrise en quelques semaines, réduisant ainsi la vulnérabilité aux pathogènes.

Quand et comment tailler en vert ?

 Toutes les essences ne réagissent pas de la même manière à la taille estivale. Certains arbres, comme les fruitiers à noyaux (cerisiers, pruniers), bénéficient grandement d’une intervention en été, ce qui limite la propagation de maladies comme la moniliose. De même, les feuillus caducs tels que les tilleuls ou les érables supportent très bien un éclaircissage léger.

Voici quelques principes de base :

•  Éviter les grosses coupes : une branche trop épaisse risque de mettre du temps à refermer sa plaie. On privilégiera les coupes de diamètre raisonnable (5 à 8 cm maximum).

• Bien désinfecter le matériel : un sécateur mal nettoyé peut véhiculer des maladies d’un arbre à l’autre. Un coup d’alcool entre chaque coupe et le tour est joué !

La taille en vert, d’été, un outil au service du professionnel

 Un érable menaçant une toiture, un platane empiétant sur une voirie… Autant de situations où une intervention estivale permet d’assurer sécurité et esthétisme, sans attendre l’hiver.

Pour l’arboriste grimpeur, la taille en vert est aussi un excellent moyen d’anticiper l’avenir d’un arbre et d’avoir un résultat immédiat. Un défourchage léger sur un jeune sujet réduit les risques de fissuration future. Un allègement du houppier permet d’améliorer la résistance au vent. En somme, l’été est la saison parfaite pour donner un petit coup de pouce aux arbres, tout en finesse.

En conclusion

 Non, la taille en été n’est pas un crime arboricole. Bien menée, elle constitue un outil efficace pour améliorer la structure des arbres, réduire les risques de casse et limiter certaines maladies. Alors la prochaine fois que vous verrez un arboriste à l’œuvre en plein mois de juillet, ne le prenez pas pour un hérétique. Il se pourrait bien qu’il sache exactement ce qu’il fait!

Les arboristes grimpeurs vert d’horizon